La Soufrière Volcano, Guadeloupe

Scientific References

View of the lava dome, from the observatory.
© F. Beauducel / IPGP, 2005.
Note: Due to a major interest of french-speaking public, most of the following page are in French.



Real-Time images

Digital camera shots of the volcano
Taken from the IPGP Houëlmont observatory (9-km away), updated every 10 mn. Get high resolution image (1377 x 914 pix)

Capture photo numérique du volcan
Prise depuis l'observatoire du Houëlmont IPGP (à 9 km), rafraîchie toutes les 10 mn. Obtenez l'image haute résolution (1377 x 914 pixels)

IR satellite imagery
From GOES-East, centered on Montserrat Soufriere Hills but includes also Guadeloupe, updated every 30 mn. Other images available at NOAA.

Image satellite infrarouge
Depuis le satellite GOES-East, centrée sur la Soufriere de Montserrat mais inclue également la Guadeloupe, rafraîchie toutes les 30 mn. Autres images disponibles sur NOAA



Histoire de la Soufrière

La Soufrière de Guadeloupe est l'un des neuf volcans actifs de l'arc des Petites Antilles. Elle appartient à un ensemble volcanique récent situé dans la partie sud de la Basse-Terre (Guadeloupe proprement-dite).

L'ensemble volcanique de la Soufrière est constitué de deux ensembles juxtaposés :

  • Le volcan composite de la Grande Découverte dont l'activité principale est représentée par la Soufrière sensu-stricto ;
  • L'ensemble éruptif de la Madeleine situé au sud-est du précédent et de dimensions plus modestes.

L'édification du volcan composite de la Grande Découverte peut être subdivisée en trois phases principales

  1. 200 000 à 42 000 ans : "phase Grande Découverte"
    La première, ou phase "Grande Découverte", correspond à la construction de l'appareil principal. Il est installé sur le flanc sud des pitons de Bouillante et du Sans Toucher. Cette première phase se traduit par une alternance d'épisodes laviques effusifs et d' épisodes pyroclastiques. Elle se termine par la mise en place d'importants dépôts ponceux de plusieurs km³ dits de Pintade. Elle est responsable de la formation de la caldeira de la Grande Découverte dont seul reste visible le rempart nord.

  2. 42 000 à 11 500 ans : "phase Carmichaël"
    La deuxième phase, ou "phase Carmichaël", est celle de l'édification du massif du Carmichaël à dominante lavique àl'intérieur de la caldeira de la Grande Découverte . Elle est suivie de la destruction sommitale du volcan par deux éruptions catastrophiques il y a 11 500 et 3 100 ans. Ces deux éruptions sont caractérisées par l'écroulement des flancs du volcan et par des explosions dirigées (blast) entraînant d'une part deux coulées de débris et, d'autre part, la formation de deux cratères en amphithéâtre: le cratères Carmichaël ouvert vers l'ouest et le cratère Amic ouvert vers le sud.

  3. de 8 500 ans à nos jours : "phase Soufrière"
    La troisième phase, ou "phase Soufrière", voit l'activité éruptive se localiser à l'intérieur ou sur les bordures du cratère Amic formé par l'épisode de la phase précédente. Trois éruptions magmatiques se succèdent : la mise en place du dôme Amic, la construction des cônes de scories de l'Echelle et de la Citerne et l'éruption de 1440 AD (redatée récemment à 1535 AD) qui donna naissance au dôme actuel de la Soufrière. Ce dernier a été, depuis cette date le siège de nombreuses éruptions phréatiques dont les plus intenses ont eu lieu en 1797-1798 et 1976-1977. Voir la description des éruptions historiques sur le site IPGP.


Éruption phréatique 1956

Crise mineure de la Soufrière : éruption phréatique sur quatre jours (du 20 au 24 octobre 1956) avec deux explosions en surface. Précédée par environ un mois de sismicité anormale. Environ 100.000 m³ de matériaux éjectés, et 3 à 5 cm de dépôts de cendres à Matouba.

Article complet décrivant la crise dans [Jolivet, 1958]. Voir aussi:

  • Jolivet J., 1958. La crise volcanique de 1956 à la Soufrière de Guadeloupe. Ann. Géophys., T. 14, n°3, juillet-septembre 1958, 305-322.
  • les photos de l'éruption.

Octobre 1956 (photo E. Macal)

Éruption phréatique 1976-1977

Crise majeure de la Soufrière : éruption phréatique prolongée ayant entraîné l'évacuation spontanée le 8 juillet 1976 (25.000 personnes), puis provoquée le 15 août 1976 (73.422 personnes, tout le Sud Basse-Terre) et à l'origine d'une polémique largement médiatisée. C'est l'une des manifestations les plus spectaculaires connues sur la Soufrière sur la période historique. On lui trouve cependant quelques similitudes avec celle de 1797-1798, dans la nature des phénomènes de surface, la durée de l'événement, dans la crise sismique associée.

La situation anormale du volcan est apparue en juillet 1975 avec une crise sismo-volcanique le 17 juillet 1975. A partir de cette date l'activité sismique est allée en s'amplifiant. Elle était doublée de crises en essaim d'énergie libérée de plus en plus grande avec le temps, et dont la "périodicité" de 4 mois permit d'envisager dès le mois d'avril 1976 l'éventualité d'une manifestation de surface, conséquence d'une nouvelle crise sismo-volcanique, pour le mois d'août 1976.

Pendant toute la durée de la manifestation de surface, du 8 juillet 1976 au mois de mars 1977, le phénomène resta toujours phréatique. Les traits caractéristiques de cette crise volcanique ont été :

  • Sismicité: détection, de juillet 1975 à avril 1977, de 16.467 séismes d'origine volcanique. La zone hypocentrale se trouvait à l'aplomb du dôme volcanique avec une extension dans le Nord-Ouest, à des profondeurs comprises entre 2 et 3 km sous le niveau de la mer. Les séismes étaient ressentis dans la proche région du dôme quand ils atteignaient ou dépassaient la magnitude 2. Au cours de la crise, 153 secousses furent ressenties. Le choc le plus violent atteignit la magnitude 4,5 le 16 août 1976, ressenti dans la zone épicentrale avec une intensité de VI. L'énergie sismique libérée au cours de la crise fut de 100 milliards de joules. La crise sismo-volcanique amorça sa décroissance, en nombre et en énergie, à partir de novembre 1976, alors que la dernière manifestation explosive de surface eut lieu le 1er mars 1977.
  • Fractures et éboulements: débouchage de la Faille du 8 juillet 1976 (zone active en 1956), création de la Faille du 30 août 1976. Des éboulements de terrain furent constatés le long de la fracture de la Ty (après les séismes du 9 juin 1976 et du 31 juillet 1976). Une fracture sèche s'ouvrit en altitude, sur le dôme volcanique, dans l'axe de la Ravine Marchand, au cours de la secousse du 16 août 1976.
  • Projection de cendres et blocs: le volume total de retombées de blocs et cendres a été d'environ 800 000 m³, correspondant à environ 870.000 tonnes de produits éjectés.
  • Explosions: 26 éruptions phréatiques furent dénombrées entre le 8 juillet 1976 et le 1er mars 1977, alors que l'on a observé au total 31 périodes de projections d'éléments fins sans explosions violentes. Les éruptions les plus spectaculaires ont été:
    - 8 juillet 1976: 93.000 m³ de produits émis sur 66 km²
    - 13 août 1976: 89.000 m³ de produits émis sur 0,2 km²
    - 22 août 1976: 52.000 m³ de produits émis sur 66 km²
    - 29 janvier 1977: 73.000 m³ de produits émis sur 9 km²
    La durée moyenne d'une explosion était de 40 minutes.
  • Activité fumerollienne: émanations de gaz acides à des températures maximum de 200 °C
  • Coulées de boue: deux types de coulées de boue ont été observés sur les flancs du volcan:
    - le premier, par effondrement des flancs, favorisé par la liquéfaction des argiles d'altération (thixotropie) au moment des vibrations du dôme trémors) lors des explosions
    - le second, par mobilisation, par la pluie, des dépôts fins (les "cendres") projetés sur les flancs du dôme volcanique.

22 septembre 1976: l'une des 26 explosions phréatiques de la Soufrière (photo M. Feuillard / IPGP)

Séismes volcaniques enregistrés entre 1970 et 1987 sur la Soufrière.

Cumul des retombées de cendres durant l'éruption de 1976-1977 (Le Guern et al., 1980)

Bibliographie scientifique sur l'éruption de 1976-77

Pour en savoir plus sur les événements de la Soufrière 1976-77 et leurs conséquences, consulter les articles scientifiques suivants (par ordre chronologique, mise à jour mai 2022) :

Années 1970

Années 1980

Années 1990

Années 2000

Années 2010

Années 2020



et les autres pages sur ce site :



Activité récente

1955-2004: synthèse de l'évolution de l'activité de la Soufrière.

Après les événements de 1976-1977, on a noté une décroissance régulière de l'activité de la Soufrière jusqu'au début des années 90, notamment par une disparition rapide de la sismicité de forte énergie, puis une plus lente décroissance de l'activité fumerolienne (disparition progressive de zones fumeroliennes du Col de l'Echelle notamment). A partir de 1992, l'activité sismique, fumerollienne et thermale reprend avec la réactivation progressive du Cratère Sud, puis du Gouffre Tarissan et enfin de la Fracture Napoléon. En 1998, les fumerolles deviennent très corrosives en raison de l'apparition brutale d'acide chlorydrique (HCl). Depuis, l'activité du système hydrothermal (circulations et interactions de gaz, vapeur et eau sous pression dans la roche poreuse et fracturée) se maintient à un niveau élevé tout en indiquant, à l'échelle de plusieurs années, une lente augmentation globale.

Si ces phénomènes incitent l’observatoire à la vigilance instrumentale, ils ne sont cependant pas associés à une anomalie des autres paramètres de surveillance liés à une éventuelle remontée de magma (séismes profonds, déformations à grande échelle, gaz soufrés à haute température).

La surveillance instrumentale reste le seul moyen de prévention efficace contre les risques volcaniques. Depuis 1950, l'IPGP assure la surveillance au moyen d'un observatoire permanent. Pour en savoir plus, consultez régulièrement les bulletins de l'Observatoire.

Liens

Pour en savoir plus sur la Soufrière de Guadeloupe, consultez les pages suivantes :