Alberto Tarchini
Né le 18 avril 1967 à
Strasbourg
Ingénieur d'Études CNRS à l'Observatoire Volcanologique
Assassiné le 27 octobre 2003 à Basse-Terre
C'est lors d'un passage à l'île de la Réunion qu'Alberto a découvert les
observatoires volcanologiques français, et a pris connaissance d'un poste d'ingénieur en
électronique qui s'était ouvert à l'observatoire de Guadeloupe début 2001. Il
travaillait alors à Strasbourg, sa ville d'origine, dans un laboratoire de physique
nucléaire (IRES-IN2P3). Avant même d'être sélectionné, sa rigueur professionnelle et
son goût de la découverte l'avaient poussé à venir de lui-même en Guadeloupe pendant
une semaine pour rencontrer ses futurs collègues et découvrir le travail sur le terrain.
Cette courte période d'essai improvisée fut totalement convaincante pour tous. Déjà
Alberto apportait ses idées nouvelles et sa bonne humeur communicative.
C'est un an plus tard, en mars 2002, qu'il intègre l'IPGP et s'installe à
l'observatoire de Guadeloupe. On lui confie le rôle de second du responsable technique de
l'Observatoire, et il participe ainsi aux développements et à la maintenance de tous les
réseaux de surveillance. Parallèlement à cette période d'apprentissage, Alberto s'est
plus spécialement impliqué en instrumentation et capteurs sur certains réseaux de
stations automatiques : distancemétrie laser, instrumentation en fond de forage (coll.
LGIT Chambéry), capteurs radon, développement et mise au point de nouveaux instruments
pour la surveillance des sources thermales et zones fumerolliennes, spectromètre gaz FTIR
(coll. LPAT Pointe-à-Pitre), accélérométrie (coll. GIS-RAP), et nouvelles stations
sismologiques large-bande. La responsabilité adjointe des réseaux de surveillance
demandait de très larges compétences, une grande disponibilité et un fort degré
d'assimilation qu'il possédait indéniablement et appliquait avec soin. Ses grandes
qualités professionnelles lui ont ainsi permis de faire évoluer de façon significative
la qualité et la fiabilité des acquisitions de données à l'observatoire.
Alberto travaillait avec enthousiasme et compétences et montrait une énergie et une
motivation sans mesure, au laboratoire comme sur le terrain. Il n'hésitait jamais à
partir sur la Soufrière, quelques soient les conditions météorologiques et la
difficulté technique, pour réparer le plus rapidement possible une station en panne, et
parfois rentrer à la nuit à l'observatoire. Il présentait des qualités humaines
exceptionnelles et reconnues de tous qui lui ont permis de s'intégrer très rapidement à
notre petite structure et surtout d'y faire naître un nouvel esprit d'équipe et de bonne
humeur.
Alberto était également très sensible à l'importance de son poste et à la place
qu'occupe l'observatoire dans sa mission de surveillance et de prévention des risques
sismiques et volcaniques en Guadeloupe. Il en parlait autour de lui avec passion et
participait très activement à toutes les actions publiques dans ce sens (Fête de la
Science, visites de l'observatoire,
).
Nous avions mis beaucoup d'espoir dans l'avenir d'Alberto à l'observatoire. Nous
l'avions tout récemment nommé co-responsable du réseau mobile d'intervention
sismologique (coll. OVMP Martinique) et il devait suivre une formation d'artificier pour
les expériences de tomographie sismique sur la Soufrière (coll. LGIT Grenoble).
Les changements, les nouveautés et la dynamique de travail qu'il a apportés resteront
dans nos mémoires mais aussi dans les faits. Sa disparition tragique est une très grande
perte pour l'observatoire, pour la Guadeloupe et pour ses collègues et amis du monde de
la volcanologie.
Son souvenir nous accompagnera éternellement sur les chemins de la Soufrière.
Le personnel de l'OVSG
Témoignage Cérémonie Religieuse
Cathédrale de Basse-Terre, le 2 novembre 2003
Qu'il me paraît difficile de témoigner de la vie d'un homme disparu à 36 ans,
lorsqu'on ne le connaissait que depuis deux ans à peine
Mais Alberto était si
exceptionnel dans ses relations avec les autres, qu'après un seul sourire, quelques mots
échangés, et déjà on le voulait notre meilleur ami !
Alberto était un homme de cur.
Toujours attentif aux besoins des autres, il savait donner, aider et accueillir
avec humilité et générosité.
Alberto respirait la joie de vivre.
Il rayonnait de bonheur et incarnait l'optimisme. Son sourire, sa gestuelle, ses
rires, ses regards complices et son expression favorite que nous garderons tous à
l'oreille : " Alors, elle est pas belle la vie ? ".
Alberto était un homme d'action.
Il pratiquait la plongée, la voile, la moto, la marche
, mais surtout il
débordait d'énergie qu'il exprimait aussi bien dans ses loisirs que dans son travail.
Alberto était un ingénieur compétent.
Consciencieux, habile, entreprenant et plein d'idées, il était le moteur de
notre petite équipe de l'observatoire. Toujours prêt à réaliser, inventer, réparer ou
améliorer les instruments de mesure, il partait sur la Soufrière quelques soient les
conditions météorologiques et les difficultés techniques.
Alberto était un citoyen modèle.
Il s'était merveilleusement intégré à la Guadeloupe. Il s'impliquait dans de
nombreuses activités locales et avait pris très à cur l'importance de sa
participation aux missions de prévention des risques sismiques et volcaniques en
Guadeloupe.
Alberto était un artiste.
Il a appris le gwoka et avait repris les cours de guitare à l'école de musique
de Basse-Terre. Son charme, son apparence mais surtout sa personnalité et sa façon
d'aborder le monde qui l'entourait, traduisait une sensibilité et une originalité
exceptionnelles.
Alberto était notre ami.
D'une gentillesse hors du commun, très sensible à la personnalité de ceux qui
l'entouraient, confident, amoureux du dialogue et homme de confiance, il était l'ami
idéal, celui que ses proches ont eu, et celui que d'autres auraient tant aimé avoir.
Alberto, nous t'aimions tous et tu resteras dans nos curs. Ce que tu nous as
laissé par ton passage trop bref, tout ce que tu as laissé à tes proches, à
l'observatoire et à la Guadeloupe, est déjà gravé en nous, et nous ferons tout pour
qu'il le reste éternellement.
Adieu Alberto, et bon vent !
François Beauducel