Il y a 30 ans... la Soufrière

Synthèse des rapports de 1975-1977, IPGP

22 septembre 1976: l'une des 26 explosions phréatiques de la Soufrière
© M. Feuillard / IPGP, 1976




De juillet 2005 à mars 2007, l'observatoire publie dans ses rapports mensuels un récit des principales observations du Laboratoire de Physique du Globe, effectuées 30 ans auparavant. Rubrique réalisée par François Beauducel sur la base des rapports internes de l'Institut de Physique du Globe de Paris, avec l’aimable concours de Michel Feuillard, directeur de l’observatoire de 1962 à 1997.

Juillet 1975. L’activité sismique de la Soufrière a augmenté de façon significative par rapport aux mois précédents. Le Laboratoire de Physique du Globe, à Saint-Claude, a enregistré au cours du mois un total de 30 séismes d’origine volcanique, principalement entre les 24 et 26 juillet 1975. L’énergie totale cumulée équivaut à 16 MJ. Le plus fort de ces séismes, de magnitude 2.3 sur l’échelle de Richter, a eu lieu le 26 juillet 1975 et a été ressenti à Saint-Claude avec une intensité de III.

Août 1975. Après l'augmentation du mois de juillet, l’activité sismique de la Soufrière revient à un niveau faible. Le Laboratoire de Physique du Globe a enregistré au cours du mois un seul séisme d’origine volcanique. De faible amplitude, ce séisme correspond à une énergie libérée de 0.2 MJ.

Septembre 1975. L’activité sismique de la Soufrière est restée à un niveau faible. Le Laboratoire de Physique du Globe a enregistré au cours du mois 4 séismes d’origine volcanique, tous de faible amplitude. L'énergie cumulée équivaut à 0.8 MJ.

Octobre 1975. L’activité sismique de la Soufrière est restée à un niveau faible mais a légèrement augmenté par rapport au mois précédent. Le Laboratoire de Physique du Globe a enregistré au cours du mois 13 séismes d’origine volcanique, tous de faible amplitude. L'énergie cumulée équivaut à 2.5 MJ.

Novembre 1975. L’activité sismique de la Soufrière a montré une très nette augmentation. Au total 211 séismes d’origine volcanique ont été enregistrés par le Laboratoire de Physique du Globe (soit 15 fois plus que la normale), dont 188 entre le 25 et 27 novembre 1975 et 2 qui ont été ressentis par la population de Saint-Claude (le 26 novembre). L'énergie totale libérée équivaut à 40 MJ. Une alerte a été donnée par la Préfecture où un plan ORSEC « éruption » a été étudié et mis en place pour parer aux dangers d’une éventuelle éruption.

Décembre 1975. Depuis la crise sismique du mois de novembre 1975, le niveau d’activité a diminué tout en restant à des valeurs bien au dessus de la normale. Au total 88 séismes d’origine volcanique ont été enregistrés par le Laboratoire de Physique du Globe, dont notamment 12 le 15 décembre, 12 le 21 décembre et 26 le 30 décembre. Deux de ces séismes ont été ressentis par la population de Saint-Claude le 30 décembre 1975. L'énergie totale libérée équivaut à 15 MJ.

Janvier 1976. Depuis la crise sismique du mois de novembre 1975, le niveau d’activité a diminué tout en restant à des valeurs 3 fois au dessus de la normale. Au total 39 séismes d’origine volcanique ont été enregistrés par le Laboratoire de Physique du Globe. Les séismes restent de faible énergie et aucun n’est susceptible d’avoir été ressenti. L'énergie totale libérée équivaut à 7.4 MJ.

Février 1976. Depuis la crise sismique du mois de novembre 1975, le niveau d’activité se maintient à des valeurs bien au dessus de la normale (7 fois pour le mois de février). Au total 93 séismes d’origine volcanique ont été enregistrés par le Laboratoire de Physique du Globe. Les séismes restent de faible énergie et aucun n’est susceptible d’avoir été ressenti. L'énergie totale libérée équivaut à 18 MJ.

Mars 1976. Une reprise très nette de l'activité sismique a été notée par le Laboratoire de Physique du Globe qui a enregistré 607 séismes d'origine volcanique, dont 22 ont été signalés ressentis (les 15, 21, 24 au 28 et 31). L'énergie totale libérée équivaut à 157 MJ. Le maximum d'activité a été noté dans la nuit du 24 au 25 mars 1976 avec notamment 12 séismes ressentis par les habitants de Saint-Claude et des autres communes du Sud Basse-terre. De légers dégâts sont notés sur certains bâtiments (lézardes, fissures). Dès le 26 mars 1976, une réunion sur le Plan ORSEC est organisée à la Préfecture.

Avril 1976. La forte activité sismique de la Soufrière se maintient : le Laboratoire de Physique du Globe a enregistré 729 séismes d'origine volcanique, dont 13 ont été signalés ressentis. L'énergie totale libérée équivaut à 142 MJ. Le maximum d'activité a été noté le 23 avril 1976 avec 5 séismes ressentis par les habitants de Saint-Claude et des autres communes du Sud Basse-terre. Le 30 avril 1976, le Ministre des DOM-TOM Olivier STIRN se rend au Laboratoire pour une séance de travail. L'analyse de la progression de l'activité sismique, tant en nombre de séismes détectés qu'en énergie sismique libérée, comparée à celle de 1956, suggère par extrapolation des différents paramètres enregistrés, la probabilité d'un possible phénomène de surface qui pourrait se situer au cours du mois de juillet 1976.

Mai 1976. La forte activité sismique de la Soufrière se maintient : le Laboratoire de Physique du Globe a enregistré 611 séismes d'origine volcanique, dont 9 ont été signalés ressentis. L'énergie totale libérée équivaut à 116 MJ. Le maximum d'activité a été noté les 27 et 28 mai 1976 avec 70 séismes par jour dont 2 ressentis par les habitants de Saint-Claude et des autres communes du Sud Basse-terre.

Juin 1976. La forte activité sismique de la Soufrière se maintient : le Laboratoire de Physique du Globe a enregistré 668 séismes d'origine volcanique, dont 16 ont été signalés ressentis. L'énergie totale libérée équivaut à 127 MJ. Le maximum d'activité a été noté le 4 juin 1976 avec 169 séismes (non ressentis), et le 8 juin 1976 avec 65 séismes dont 10 ressentis par les habitants de Saint-Claude et des autres communes du Sud Basse-terre. Les autres séismes ressentis ont eu lieu les 11, 12 et 25 juin 1976.

Juillet 1976. Le 2 juillet 1976, le Laboratoire de Physique du Globe envoie une seconde note aux autorités préfectorales sur la crise sismo-volcanique de la Soufrière débutée un an auparavant. Le 8 juillet 1976 à 8h55, apparition des premières manifestations de surface. Un trémor sismique est enregistré pendant 48 minutes, alors qu'une explosion phréatique rouvre partiellement la fracture de 1956. Projection d'environ 1 t de vapeur, 100 m³ de cendres et de blocs. Sur le chemin des Dames, dépôts de 10 cm de poussière volcaniques. Activité importante dans le gouffre Tarissan, la fracture Napoléon et sur les flancs du dôme jusqu'au Col de l’Échelle. Un lahar d’effondrement emprunte le Carbet jusqu’à la troisième chute (3,5 km du sommet) ; l'épaisseur des dépôts de boue atteignent 2 à 3 m au Col de l'Échelle et la végétation est détruite sur 16 à 18 m de hauteur sur les bords de la vallée au niveau de la première chute, et 6 à 8 m à la deuxième chute. Dépôts de cendres à Saint Claude (bourg, Parnasse, Matouba), sur les hauteurs de Baillif, quelques traces seulement sur les côtes de Basse-Terre et Vieux-Habitants. 20 minutes d’obscurité sont observées à Saint-Claude. Le 9 juillet 1976, un jet de vapeur très acide est observé au Col de l'Échelle, d'une hauteur de 8 m. Les gaz rejetés contiennent énormément de Soufre (dépôts observés sur les bords des gouffres, forte odeur de H2S perceptible jusqu'à la côte). Le 13 juillet 1976, 5 séismes sont ressentis. À partir du 14 juillet 1976, des analyses de gaz seront effectuées tous les jours : la température est de 95 °C, le pH varie entre 1.1 et 3.2 et la vapeur contient jusqu'à 14% d'éléments solides. Le 24 juillet 1976, des retombées de cendres sont notées à 11h et 18h à Saint-Claude et Matouba (dépôt de 1 mm à Papaye). Le 25 juillet 1976 à 14h, nouveau trémor sismique de 10 mn, accompagné d'une faible retombée de cendres à Matouba et Papaye. Réactivation de la Fente du Nord au niveau du Lac de Soufre (sur 50 m de distance). De 20h03 à 1h30 le lendemain, importante crise sismo-volcanique (202 séismes, dont 4 ressentis). Le 27 juillet 1976 à 15h30, jet de gaz sombre suivi d'une petite pluie de cendres sur Saint-Claude. Le 28 juillet 1976, projection de cendres fines dans le secteur de Ravine Marchand. Le 29 juillet 1976, pluie boueuse sur le secteur Nord-Ouest du dôme. Au cours du mois de juillet 1976, on aura ainsi enregistré 1220 séismes dont 20 ressentis et une énergie totale libérée de 232 MJ.

Août 1976. L'activité volcanique est en très nette augmentation, tant du point de vue sismique (5989 séismes dont 43 ressentis et une énergie totale libérée de 1138 MJ) que de la puissance des explosions phréatiques (notamment les 8, 21 et 30 août 1976). Le 8 août 1976 à 19h30 : trémor sismique de 11 mn avec projections de blocs sur les flancs de l'Échelle, retombées de cendres à Matouba et Papaye, et petite coulée de boue dans la Matylis. Le 12 août 1976, violente crise sismo-volcanique avec 6 séismes ressentis et projection de cendres. Les pétrographes signalent 40% de verre magmatique dans les cendres. La population de Matouba, Papaye puis Saint-Claude est évacuée. Le 13 août 1976, importants dépôts de cendres sur le dôme, coulée de boue dans la Matylis suite à une forte pluie à 12h. Explosion de cendres à 15h10. Évacuation de Baillif et des malades de Basse-Terre. Le 14 août 1976, projections de cendres toute l'après-midi, notamment à 16h30 sur les hauteurs de Saint-Claude, et à 22h jusqu'au marché de Saint-Claude. Le 15 août 1976 au matin, déclaration du Pr BROUSSE aux autorités sur l'imminence d'une catastrophe. Le Préfet décide l'évacuation des zones définies par le BRGM. Transfert du Laboratoire au Fort Saint-Charles à Basse-Terre. Le 16 août 1976, crise sismique importante débutée à 17h. À 19h40, séisme volcanique de magnitude 4.2, intensité VI à Basse-Terre et Saint-Claude (dégâts légers), ressenti à Pointe-à-Pitre. À 20h, la Préfecture ordonne l'évacuation du Fort Saint-Charles pour la nuit. Dans cette journée, 725 séismes auront été enregistrés et on constatera plus tard l'ouverture d'une fracture radiale sur le flanc Nord-Ouest du dôme. Le 21 août 1976 à 23h26, trémor de 11 mn de durée, projection de blocs au Col de l'Échelle, dépôts de cendres à Gourbeyre, Trois-Rivières et Vieux-Fort. Le 23 août 1976, dépôts de cendres sur le flanc Est du massif. Le 24 août 1976, importante crise sismique : 1527 séismes dont un de magnitude 3.9, ressenti jusqu'à Pointe-à-Pitre. Le 25 août 1976 à 16h, éruption phréatique. Le 30 août 1976 à 10h31, trémor associé à une explosion phréatique de 24 mn de durée. Ouverture d'une nouvelle fracture sur le flanc Sud-Est du dôme, réactivation du Cratère Sud, projection de blocs et poussières. Dépôts de cendres d'1 cm d'épaisseur à la Savane à Mulets. Coulée de boue dans la Matylis (1 à 1.5 m d'épaisseur). Plusieurs scientifiques présents aux abords du Gouffre Tarissan à ce moment-là sont blessés par les projections de blocs rocheux.

Septembre 1976. L'activité volcanique se maintient à un niveau relativement élevé avec 2 éruptions phréatiques et une sismicité encore soutenue : au total 1716 séismes enregistrés, de magnitude maximale 3.1, 10 séismes ressentis, énergie cumulée de 326 MJ. Les débits de fumerolles restent très élevés, mais la pression est faible en dehors des épisodes éruptifs et les analyses indiquent des concentrations modérées en gaz d'origine magmatique (essentiellement SH2, pas ou peu de CO2 et SO2). Les analyses de cendres indiquent quant à elles une forte teneur en verre et cristaux d'origine magmatique, et les mesures de clinométrie et de magnétométrie indiquent des variations significatives interprétées comme liées à la pression du magma en profondeur. Le 6 septembre 1976, retombées d'environ 1 mm de cendres fines à Matouba. Le 14 septembre 1976 à 19h22, éruption phréatique accompagnée d'un trémor de 9 mn avec dépôts de cendres à la Savane à Mulets, environ 3 mm d'épaisseur à Saint-Claude, 1 mm à la Cité Ducharmoy. La fracture Sud-Est ouverte le 30 août 1976 s'est prolongée sur une trentaine de mètres et a été le siège de l'activité principale. De gros blocs ont été projetés du gouffre Tarissan jusqu'au Chemin des Dames et à la Savane à Mulets. Cette éruption est l'événement le plus important, par ses effets, depuis le début de la crise. Le 22 septembre 1976 à 6h15, éruption phréatique avec trémor de 19 mn et panache vertical d'une hauteur de 3.5 km, dépôts de cendres de 5 mm à la Savane à Mulets, 4 mm à Ducharmoy, 1mm à Vieux-Habitants. Il n'y a pas eu de projections de blocs. Le 23 septembre 1976, coulée de boue sur les flancs sud et ouest, déclenchée par les pluies. Le 28 septembre 1976, séisme de magnitude 3.1 ressenti à Basse-Terre. Jusqu'au 26 septembre 1976, retombée permanente de cendres. Le 30 septembre 1976, remontée de la sismicité avec 242 séismes enregistrés.

Octobre 1976. L'activité volcanique se maintient à un niveau élevé avec 3 éruptions phréatiques et une sismicité en augmentation et très fluctuante : au total 2315 séismes enregistrés (énergie cumulée de 440 MJ), avec des maxima les 16, 22, 23 et 29 octobre 1976 (respectivement 157, 230, 179 et 196 séismes par jour). La magnitude maximale est de 2.9, seuls 3 séismes ont été ressentis. La profondeur des séismes est stable et ne montre pas d'évolution particulière. La chimie des gaz est également stable, avec des débits de fumerolles plutôt faibles. Plusieurs analyses approfondies ont conclu à l'inexistence de magma frais dans les poussières. De nouvelles mesures d'inclinométrie indiquent l'absence de déformations du sol. Le Préfet demande l'organisation d'une réunion d'experts
internationaux pour se prononcer sur l'évolution de l'activité volcanique. Le 2 octobre 1976 à 16h29, éruption phréatique associée à un trémor de 13 minutes de durée et des retombées de cendres à Matouba, Papaye, Baillif et Vieux-Habitants. Le 4 octobre 1976, dépôts de cendres grises sur les flancs du volcan de 11h à 16h. Le 10 octobre 1976 à 11h10, éruption phréatique avec trémor de 13 minutes, retombées de cendres fines sur les flancs (4 mm à la Savane à Mulets), à Matouba et Marigot de Vieux-Habitant. Le 30 octobre 1976 à 22h38, éruption phréatique associée à un trémor de 9 minutes et retombées de cendres fines sur les hauteurs de Capesterre-Belle-Eau. Les projections semblent provenir du gouffre Tarissan.

Novembre 1976. L'activité volcanique se maintient à un niveau relativement élevé avec 4 éruptions phréatiques, des débits de vapeurs forts mais variables et une sismicité importante bien qu'en baisse sensible par rapport au mois précédent : au total 1040 séismes enregistrés, 5 séismes ressentis, et une énergie cumulée de 198 MJ. Le 1er novembre 1976 à 13h00, éruption phréatique durant 6 mn au total et localisée au Cratère Sud, avec projection de blocs jusqu'à 2 kg au Col de l'Échelle, et de poussières le flanc Est (dépôts de 2 cm d'épaisseur sur le dôme). Le 6 novembre 1976 à 21h48, éruption phréatique de 1 mn 10 s, avec panache de 1000 m de hauteur, retombées de poussières légères sur Saint-Claude et Basse-Terre. Le 7 novembre 1976 à 22h56, nouvelle éruption phréatique de 3 mn de durée, avec dépôts de poussières en direction de Baillif. Le 10 novembre 1976 à 1h34, éruption phréatique associée à un trémor sismique de 1 mn 40 s de durée, et des chutes de poussières à Matouba et Baillif. Du 15 au 18 novembre 1976, à la demande du Préfet, le CNRS réunit une conférence d'experts internationaux afin d'étudier la situation volcanique et d'estimer les risques immédiats pour la région. La conférence approuve la décision d'évacuation du 15 août 1976 et, si elle laisse subsister deux hypothèses possibles sur l'origine des phénomènes observés (activité purement phréatique ou intrusion de magma en profondeur), elle considère le risque direct actuellement faible et préconise un retour des populations dans la zone de Basse-Terre. Les experts indiquent cependant que la situation volcanique pourrait changer et ils recommandent un renforcement immédiat des moyens de surveillance, ainsi que la préparation d'une carte géologique détaillée permettant la reconstruction des éruptions passées de la Soufrière et le lancement d'une campagne d'information publique sur le risque volcanique. Le 30 novembre 1976 dans l'après-midi, éruption phréatique avec projection de poussières provenant du Cratère Sud et faibles dépôts sur le dôme.

Décembre 1976. L'activité volcanique est en baisse singulière au cours du mois, sans aucune éruption phréatique significative, des débits de vapeurs à plus faible pression (bien que toujours spectaculaire) sur l’ensemble des fractures du dôme, et une sismicité en large déclin, bien que toujours assez énergétique : au total 399 séismes enregistrés, 6 séismes ressentis, et une énergie cumulée de 76 MJ. Le 4 décembre 1976, on compte 84 séismes de faibles amplitudes, et il est observé au Cratère Sud un fort dégagement (bruit perceptible depuis la Savane à Mulets) où la température des gaz atteint 184 °C. Le jet de vapeur entraîne des projections de poussières sur le dôme, et parfois jusqu'à Matouba-Papaye. Le 6 décembre 1976, un séisme de magnitude 2.8 est ressenti à Saint-Claude. Le 13 décembre 1976, 23 séismes sont enregistrés dont 4 ressentis. Le 31 décembre 1976, le dégagement de vapeur du groupe de fumerolles diffuses, à l'Est du Piton Dolomieu, est toujours très soutenu.

Janvier 1977. L'activité volcanique a repris par rapport au mois précédent avec 8 éruptions phréatiques (associées à des trémors sismiques saturés) et de très fréquentes projections de poussière volcanique qui ne se font plus uniquement lors des éruptions mais également à partir de bouches solfatariennes. Les dégagements de vapeur sont principalement localisés sur la partie supérieure du dôme de part et d’autre du pic Napoléon. La sismicité se maintient avec 302 séismes au cours du mois, dont 5 légèrement ressentis et une énergie totale de 57 MJ. L’activité profonde reste à un niveau faible. Les principales éruptions phréatiques ont été notées le 5 janvier 1977 à 7h15 (dépôts de 1 mm à Saint-Claude, Morne Houël et Ravine aux Ecrevisses), à 20h (1 mm à Matouba) et encore 23h (idem), le 13 janvier 1977 à 8h50 (1 mm au Parnasse), le 14 janvier 1977 à 14h43 (projection de blocs au Col de l'Echelle) et à 20h52, le 15 janvier 1977 à 01h05 (poussières à Saint-Claude, blocs de 50 cm de diamètre sur la Route de la Citerne, lahar au Col de l'Echelle), le 17 janvier 1977 à 12h12, le 19 janvier 1977 à 01h01 (projections sur le dôme). La plus importante éruption a lieu le 29 janvier 1977 à 19h11, où l'on a observé 5 mm de dépôts à Matouba et Papaye, 2 cm aux Bains Jaunes, 5 cm à la Savane à Mulets et sur le Chemin des Dames. Dans la zone immédiate du dôme, des blocs de 10 à 20 cm de diamètre ont été projetés, et la dalle en béton de l'abri du Galion a été percée. Un grondement fort et prolongé a été entendu dans toute la région et jusqu'à la côte. Le volume de matériaux éjectés a été estimé à 73.000 m³, soit la plus importante éruption depuis celles d'août 1976.

Février 1977. L'activité volcanique de la Soufrière est en baisse avec une seule éruption phréatique au cours du mois. La sismicité enregistrée est de 179 séismes (taux maximum de 32 séismes par jour le 12 février 1977), dont 3 ressentis (magnitude maximale 2.8) et une énergie cumulée de 34 MJ. Du 4 au 12 février 1977,  fréquentes projections de fines poussières volcaniques dans l’atmosphère, et intéressant les zones de Matouba, Papaye et parfois le bourg de Saint-Claude. Le dimanche 13 février 1977 à 17h48, explosion phréatique durant 20 minutes, provenant du Cratère du Sud, avec projections de blocs à la Matylis, dépôts de cendres sur Rivière Noire, à l'entrée du Matouba (épaisseur 2 mm à Papaye) et sur les hauteurs de Baillif. Le 15 février 1977, bouffées de poussières sur Saint-Claude dans la matinée, et dépôts de poussières claires dans le bourg (1 mm d'épaisseur) vers 19h. Le 17 février 1977, observation de 2.5 cm de poussières sur le Chemin des Dames. Les éléments fins projetés ont été dans tout les cas formés d’éléments anciens et altérés. La fréquence des projections de surface n’est pas l’indice d’une modification du régime volcanique profond de la soufrière. Elle crée cependant une nuisance pour ceux qui vivent sous les panaches. La dernière semaine de février est une période relativement calme. Des dégagements de vapeur ont fait suite aux projections de poussières des jours précédents. L’activité de surface reste riche en sulfure et les bouches principales demeurent le Cratère du Sud, le Gouffre Tarissan et la fumerolle de la Fente du Nord.

Mars 1977. L'activité volcanique de la Soufrière est toujours en baisse avec une seule éruption phréatique au cours du mois. La sismicité enregistrée est de 154 séismes (taux maximum de 18 séismes par jour le 31 mars 1977), dont 4 faiblement ressentis et une énergie cumulée de 29 MJ. Le 1er mars 1977 à 5h12, éruption phréatique avec projections de poussières à Saint-Claude (1 mm d'épaisseur), Basse-Terre (jusqu'au port maritime) et Baillif. Sur le dôme, les poussières sont claires et fines sans projection de gros blocs, avec des épaisseurs de 10 à 80 mm. L'activité provient essentiellement du Cratère Sud. Le 20 mars 1977, on note de très faibles poussières à Papaye. Le 22 mars 1977, pluie fine de faibles poussières sur le Chemin des Dames. Le 28 mars 1977, on note des picotements dus au gaz SO2 à la Savane à Mulets.


Les mois suivants, l'activité de surface au sommet va considérablement diminuer puis disparaître progressivement. À partir de juin 1977, la sismicité enregistrée retournera à son niveau normal de juin 1975. C'est la fin de la crise sismo-volcanique, qui aura été la plus importante de la période historique de la Soufrière. Au total, on aura compté 16 467 séismes d'origine volcanique (de juin 1975 à avril 1977), dont 153 ressentis ; le choc le plus violent atteignit la magnitude 4.5 le 16 août 1976, ressenti avec une intensité de VI à Saint-Claude. Il y aura eu 26 éruptions phréatiques (du 8 juillet 1976 au 1er mars 1977), dont les plus spectaculaires auront été le 8 juillet 1976, les 13 et 22 août 1976 et le 29 janvier 1977. Le volume total de retombées de blocs et cendres a été de 800 000 m³, correspondant à environ 870 000 tonnes de produits éjectés. Le dôme sera définitivement marqué par les phénomènes, notamment par la Faille du 30 Août 1976 apparue sur son flanc Sud-Est et dont les débris éjectés jonchent le sol jusqu'à la Matylis, et par les dépôts de cendres dépassant parfois le mètre d'épaisseur.