Trois autres signaux qui pourraient également être d’origine sismique ont été détectés le 14 mars (« Sol 105 »), le 10 avril (« Sol 132 ») et le 11 avril (« Sol 133 »). L’interprétation de ces signaux est encore ambiguë pour l’équipe InSight, mais pour au moins deux d’entre eux, ils ne semblent pas être dus à l’effet du vent ni à d’autres sources de bruit parasite. En pratique, ces signaux sont bien plus faibles que celui de « Sol 128 », et ont seulement été détectés par les senseurs VBB ultrasensibles de l’instrument SEIS. L’équipe travaille d’arrachepied pour préciser l’origine de ces nouveaux signaux.
La mission InSight est pilotée par le JPL. Baptisé Seismic Experiment for Interior Structure (SEIS), le sismomètre déposé par l’atterrisseur spatial a été livré par le CNES qui en a assuré la maîtrise d’oeuvre. Philippe Lognonné, Professeur à l’Université Paris Diderot et géophysicien à l’IPGP, assume la responsabilité scientifique de SEIS en association avec des équipes du CNRS.
« Nous avons attendu notre premier séisme martien pendant des mois », explique Philippe Lognonné. « C’est formidable d’avoir enfin le signe qu’il existe encore une activité sismique sur Mars. Nous sommes impatients de pouvoir communiquer des résultats détaillés, dès que nous aurons étudié de plus près et modélisé nos données. »
Mars ne comporte pas de plaques tectoniques, qui sont à l’origine de la plupart des séismes sur la Terre. Mais les deux planètes ainsi que la Lune partagent un autre type de séisme, provoqué par des failles ou des fractures dans leur croûte. Lorsque celle-ci subit des contraintes trop importantes dues au poids ou à son lent refroidissement, elle se rompt et libère de l’énergie.
La détection de ces séismes représente un véritable exploit technologique. Sur notre planète, des sismomètres ultraperformants sont souvent placés sous terre pour être protégés des variations de température et des intempéries. Mais le sismomètre SEIS ne peut pas être enterré sur Mars ; plusieurs dispositifs ingénieux ont donc été mis en place pour le protéger des variations de température, extrêmement importantes sur Mars, et des autres sources de bruit. Un bouclier protecteur construit par le JPL et baptisé « Wind and Thermal Shield » permet d’atténuer le bruit environnemental en protégeant SEIS du vent, de la poussière et des variations de température. En conséquence, à ce jour, la sensibilité de SEIS dépasse toutes les attentes de l’équipe.
Le CNES est le maître d’œuvre de SEIS et l’IPGP (Institut de physique du globe de Paris, CNRS, Université de Paris) en assure la responsabilité scientifique. Le CNES finance les contributions françaises, coordonne le consortium international (*) et a été responsable de l’intégration, des tests et de la fourniture de l’instrument complet à la NASA. L’IPGP a conçu les capteurs VBB (Very Broad Band pour très large bande passante) puis les a testés avant leur livraison au CNES. Plusieurs laboratoires du CNRS, le LMD (CNRS/ENS Paris/Ecole Polytechnique/Sorbonne Université) et le LPG de Nantes (CNRS/Université de Nantes/Université d’Angers)et l’ISAE-SUPAERO participent enfin aux analyses des données de la mission InSight.
(*) en collaboration avec SODERN pour la réalisation des VBB, le JPL, l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ, Suisse), l’Institut Max Planck de Recherche du Système solaire (MPS, Göttingen, Allemagne), l’Imperial College de Londres et l’université d’Oxford ont fourni les sous-systèmes de SEIS et participent à l’exploitation scientifique de SEIS.
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