« La longueur est d’au moins 1 000 km, » précise Aurélie Coudurier-Curveur. « Elle pourrait même être plus longue, cependant nous ne disposons pas de données suffisantes pour montrer jusqu’où elle s’étend. » L’équipe a supposé que cette structure était représentative d’une limite de plaque. L’étape suivante a consisté à en estimer la vitesse de glissement.
Plus lente que San Andreas
Pour y arriver, les scientifiques se sont appuyés sur deux paramètres : la longueur du plus grand, et probablement du plus ancien, bassin en pull-apart (environ 5800 m) et la durée de la période d’activité la plus récente de la faille (environ 2.3 millions d’années). En divisant la longueur du bassin par cet intervalle de temps, ils ont calculé une vitesse de glissement maximale d’environ 2.5 millimètres par an. Celle-ci est à peu près 10 fois plus lente que celles d’autres limites de plaque décrochante telles que la faille de San Andreas, mais pas beaucoup plus lente que les vitesses de la faille de la Mer Morte ou de la Zone de Fracture d’Owen.
Sur la base de ce taux de glissement, les chercheurs ont estimé le temps de retour pour un séisme de même ampleur que le séisme de magnitude 8.6 enregistré en avril 2012. En supposant qu’un tel événement relâche plusieurs dizaines de mètres de glissement co-sismique, un séisme similaire pourrait survenir tous les 20 000 ans environ, indique Aurélie Coudurier-Curveur. « Une fois que les contraintes sont relâchées, il faut attendre un certain nombre d’années pour les accumuler à nouveau. »
Ces résultats ont été publiés en mars dans le journal Geophysical Research Letters.
Ces résultats sont convaincants, dit Kevin Kwong, un géophysicien de l’Université de Washington à Seattle, non impliqué dans cette étude. « Ce que nous observons dans cette zone au milieu de l’océan est très similaire à d’autres régions de frontières de plaques. »
Il est important de continuer à surveiller la sismicité de cette partie du fond marin, dit-il, car les tremblements de terre indiquent la localisation des frontières de plaques. Ce travail va nécessiter une nouvelle instrumentation, dit Kwong. « Nous n’avons pas de stations sismiques à proximité. »
En savoir plus :
Cet article a été écrit par la journaliste scientifique Katherine Kornei (@KatherineKornei) et publié le 18 mai 2020 par Eos : Kornei, K. (2020), A plate boundary emerges between India and Australia, Eos, 101, DOI: 10.1029/2020EO144177.
Traduit de l’anglais par Aurélie Coudurier-Curveur et Antoine Roux.
This article was originally published by Eos, a source for news and perspectives about Earth and space science: https://eos.org/articles/a-plate-boundary-emerges-between-india-and-australia