Des experts de l’IPGP auditionnés à l’Assemblée Nationale sur les risques naturels en Outre-Mer
Le 1er février dernier, devant la Commission d’enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les collectivités d’Outre-Mer, une délégation de l’IPGP a rappelé le niveau d’activité des 4 volcans actifs d’outre-mer, situation inédite depuis des siècles, et souligné que les Antilles et très probablement Mayotte font partie des zones les plus exposées dans le monde à l’aléa volcanique.

Date de publication : 12/02/2024
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Observatoires liés : Observatoires volcanologiques et sismologiques
Cette délégation de l’IPGP, composée de Anne le Friant (directrice adjointe de l’IPGP en charge des observatoires), Jean Christophe Komorowski (responsable scientifique des observatoires volcanologiques et sismologiques), Arnaud Lemarchand (directeur adjoint de l’IPGP en charge de l’instrumentation) et Jordane Corbeau (directrice adjointe de l’observatoire volcanologique et sismologique de Martinique) a été auditionnée le jeudi 1er février à l’Assemblée Nationale par la Commission d’enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les collectivités d’Outre-Mer. Cette série d’auditions à laquelle l’IPGP a été convié était consacrée aux éclairages scientifiques concernant les risques naturels majeurs dans les outre-mer et l’impact du dérèglement climatique.
La commission a interrogé l’IPGP en particulier sur ses missions et les moyens dont il disposait pour les exercer, sur son appréciation du niveau des différents aléas d’origine tellurique auxquels sont exposés les territoires d’Outre-Mer et sur l’effet potentiel du changement climatique, ainsi que sur les recommandations que l’IPGP pouvait faire pour améliorer la manière dont la communauté scientifique intervient dans la surveillance et l’alerte montante en cas de crise.
Ces questions et les réponses apportées reprennent une partie du rapport fait par l’IPGP en 2022 dans le cadre des questions posées par Monsieur le député Mansour Kamardine de l’Assemblée nationale dans le cadre de l’avis qu’il a rendu pour l’Assemblée nationale sur la Sécurité Civile.
En ce qui concerne le niveau d’activité des volcans en Outre-Mer, l’IPGP a souligné que la France faisait face à une situation inédite depuis des siècles avec 1) la réactivation importante de La Soufrière de Guadeloupe en cours depuis 1992 (alerte ORSEC Jaune, vigilance depuis 1999), en augmentation depuis 2018) ; 2) celle de la Montagne Pelée depuis le printemps 2019 (alerte ORSEC Jaune, vigilance depuis décembre 2020) ; 3) l’occurrence de 2-5 éruptions par an au Piton de la Fournaise (vigilance ORSEC) ; 4) et une éruption sous-marine majeure à Mayotte (2018-2021) qui a formé le nouveau volcan de Fani Maoré à 50 km à l’est de Mayotte et produit près de 6 km3 de lave, réactivant la zone volcanique de Mayotte après des millénaires de quiescence (vigilance scientifique renforcée).
Selon une étude publiée en 2015 et réalisée pour les Nations Unies, si l’on classe et cartographie les régions exposées aux aléas volcaniques en fonction de la population du territoire située dans un rayon de 30 km du volcan actif et proportionnellement à la population totale de ce territoire, les cinq territoires les plus menacés dans le monde sont tous des territoires ou pays insulaires situés dans les Petites Antilles : Montserrat (Royaume-Uni), St Vincent et les Grenadines, Guadeloupe et Martinique (France), St Kitts-et-Nevis et la Dominique. Suite aux travaux récents de l’IPGP sur l’aléa volcanique, une révision de cette cartographie à l’heure actuelle indiquerait certainement que Mayotte est peut-être la zone de France la plus menacée par le phénomène volcanique et l’une des zones les plus exposées dans le monde.
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