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Des inondations dans le désert, un danger mortel de plus en plus fréquent

Des chercheurs de l'Université de Californie du Sud et de l'IPGP révèlent que les changements hydroclimatiques en Afrique du nord dûs au réchauffement climatique augmentent les facteurs d'érosion des sols, amplifient les effets des inondations dans les régions désertiques et génèrent des coulées de boue fortement chargées en sédiments, comme lors de la tempête Daniel en Lybie en 2023.

Des inondations dans le désert, un danger mortel de plus en plus fréquent

À gauche : vue d'artiste représentant l'érosion du sol dans le bassin versant de Derna vue par télédétection SAR (Synthetic Aperture Radar). À droite : zones sinistrées de la ville de Derna mesurées par le SAR.

Date de publication : 18/11/2024

Presse, Recherche

Thèmes liés : Système Terre

Le 10 septembre 2023, la tempête Daniel a frappé la côte est de la Libye, provoquant des inondations soudaines sans précédent et causant la mort de plus de 11300 personnes, ainsi que d’importants dégâts matériels. L’Afrique n’avait pas connu de catastrophe naturelle de cette ampleur depuis plus de cent ans, le paradoxe résidant dans le fait que ces inondations meurtrières se sont produites en plein désert et dans le pays le plus aride du continent.

Tempête Daniel en septembre 2023.

Au cours de la dernière décennie, le Sahara a été confronté à un mélange dangereux de changements climatiques. Des épisodes de sécheresse de plus en plus marqués ont aggravé la désertification et réduit la superficie de la couverture végétale, tandis que la fréquence des tempêtes de pluie s’est intensifiée, en raison de l’augmentation de la température des eaux dans le bassin est de la mer Méditerranée, provoquée par le réchauffement climatique.

Évaluation des dommages et des zones inondées suite aux inondations meurtrières de Derna en Libye.

Une équipe de chercheurs de l’Université de Californie du Sud et de l’IPGP révèle que ces conditions hydroclimatiques combinées augmentent les facteurs d’érosion des sols, amplifie les effets des inondations dans les régions désertiques, notamment en Afrique du nord, et génèrent des coulées de boue fortement chargées en sédiments.

En utilisant une série d’images radar acquises par le satellite Sentinel 1A de l’ESA au moment de la tempête Daniel, les scientifiques montrent que le débit de sédiments dans les vallées du bassin de Derna était fortement chargé en boue en raison du taux d’érosion des sols croissant, aggravant la nature destructrice des crues. Ce phénomène a également contribué à l’échec de deux barrages mal entretenus censés protéger la ville de Derna, combiné à l’incapacité des infrastructures hydrauliques de la ville à gérer le flux de ces crues enrichies en sédiments. Ainsi, 66 % de la surface de Derna et 48 % de celle de Soussa ont subi des dommages importants.

Cette étude met en évidence l’augmentation des catastrophes naturelles d’origine hydrique telles que les tempêtes, les inondations et la sécheresse, et la vulnérabilité accrue des bassins versants côtiers dans les zones arides du sud de la Méditerranée du fait du changement climatique. La mise en œuvre de programmes d’observation de ces risques et d’une approche de gestion côtière transformative s’avère nécessaire et urgente en Afrique du nord.

« Les inondations meurtrières à Derna montrent qu'un certain nombre de pays n'a pas encore pris conscience des avertissements de la communauté scientifique concernant les changements hydroclimatiques en cours, malgré l'accueil des deux derniers sommets du UNCC sur le climat dans la région. L'ennemi le plus redoutable pour le futur est notre croyance que ces phénomènes extrêmes ne sont que des événements passagers qui ne se reproduiront pas. Les modèles hydroclimatiques nous disent qu'ils frapperont avec une plus grande intensité »

Essam Heggy

Chercheur à l’Université de Californie du Sud

Reconstruction topographique du bassin versant de Derna avec son réseau ramifié d'oueds. Les couleurs indiquent les altitudes (vert = 0 à 100 m ; jaune = 100 à 300 m ; orange = 300 à 500 m). En noir figurent les zones où l'érosion du sol et le transport de sédiments ont été mesurés par télédétection. En haut à droite : l'oued Derna et la ville de Derna construite au niveau de son delta.

Ref : J.C.L. Normand & E. Heggy, Assessing flash flood erosion following storm Daniel in Libya. Nature Communications 15, 6493 (2024). DOI: 10.1038/s41467-024-49699-8

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