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Reconstruction fine de l’histoire éruptive et scénarii éruptifs à la Soufrière de Guadeloupe

26/06/2012

IPGP - Îlot Cuvier

10:00

Soutenances de thèses

Amphithéâtre

Yoann Legendre

Géologie des Systèmes Volcaniques

La Soufrière de Guadeloupe montre depuis 1992 des signes de réactivation (augmentation de l’activité fumerollienne et sismique de faible énergie et localisée à faible profondeur). Dans cette période de réactivation qui pourrait aboutir sur une activité éruptive, il est indispensable d’améliorer notre connaissance de l’histoire passée du volcan sur une période la plus longue possible pour pouvoir élaborer des scénarii crédibles d’un futur événement éruptif. Depuis 1976, dernière crise en date, de nombreux travaux ont été menés dans ce sens mais sont rendus considérablement compliqués par l’érosion et l’altération particulièrement active en milieu tropical. Ces études caractérisent, pour les derniers 9000 ans d’activité de la Soufrière, une exceptionnelle récurrence de déstabilisations de flanc et une faible activité magmatique. Ce travail de thèse présente une nouvelle chronologie détaillée de l’histoire éruptive du complexe de la Grande Découverte – Soufrière de Guadeloupe pour les derniers 50 000 ans. Notre étude multi-approche est basée sur une étude stratigraphique de plus de 250 nouveaux affleurements, 181 nouvelles datations 14C et l’obtention de carottes sédimentaires de l’unité connue de « Cendres Jaunes ». L’amélioration d’une méthode d’analyse statistique des âges radiocarbones (Boudon et al., 2008) nous a permis d’obtenir pour 27 des 31 événements mis en évidences des âges statistiquement représentatifs. Nos nouvelles données chrono-stratigraphiques couplées à une synthèse exhaustive des données passées démontrent notamment que l’activité magmatique (fréquence éruptive et magnitude des événements) du complexe de la Grande Découverte – Soufrière est beaucoup plus élevée que suggéré auparavant. Nous mettons en évidence un minimum de 28 événements éruptifs pour ce complexe et 15 événements éruptifs pour l’épisode plus récent de la Soufrière de Guadeloupe. Sur 50 000 ans nous caractérisons un minimum de 21 phases explosives majeures balayant une large gamme de magnitudes (entre 10-2 km3 et 100 km3) et un minimum de 17 phases à croissance de dôme de magnitude importante (> 0.1 km3) caractérisées par une importante explosivité. Plus de la moitié de ces événements éruptifs sont observés au cours des derniers 9000 ans et sont rattachés à l’épisode de la Soufrière. Ces phases éruptives sont associées à 16 déstabilisations de flanc au sein d’événements éruptifs complexes que l’on décrit comme polyphasiques. L’interprétation de ces données en termes de récurrence, de magnitude et d'intensité permet d’affiner nos scénarios éruptifs crédibles et réalistes pour un futur événement de la Soufrière de Guadeloupe. Le scénario éruptif le plus probable que nous privilégions, sur la base de nos données, implique une phase dominante à croissance de dôme. Le caractère polyphasique de l’activité éruptive identifié ici pour la Soufrière suggère un futur événement éruptif pourrait associer des phases magmatiques secondaires (i.e., phases explosives mineures, majeures et déstabilisation de flanc). Les implications de cette étude concernent aussi la surveillance, la gestion d’une future crise et l’amélioration des stratégies de préventions des risques volcaniques à long terme.