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Disparition de Jean-Pierre Valet (1954 – 2024)

Jean-Pierre Valet, Directeur de recherche au CNRS rattaché à l’équipe Géomagnétisme et Paléomagnétisme de l'IPGP en 1990, n'a eu de cesse d'allier des méthodologies et des concepts complexes dans le but de résoudre des questions fondamentales pour la connaissance de la dynamique de notre Terre interne. Ses collègues lui rendent hommage.

Disparition de Jean-Pierre Valet (1954 – 2024)

Date de publication : 03/09/2024

Vie de l’Institut

C’est avec une profonde tristesse que nous vous faisons part du décès de notre collègue et ami, Jean-Pierre Valet, survenu le 28 août 2024 des suites d’une longue maladie.

Directeur de recherche au CNRS rattaché à l’équipe Géomagnétisme et Paléomagnétisme de l’Institut de physique du globe de Paris en 1990, Jean-Pierre Valet a commencé sa carrière en 1982 en tant que chargé de recherche au Centre des faibles radioactivités, à Gif-sur-Yvette.

Après avoir terminé ses études universitaires, qu’il a financées en travaillant comme surveillant dans un lycée, Jean-Pierre Valet se passionne pour le paléomagnétisme. Il consacre son doctorat à l’étude des inversions du champ magnétique de la Terre enregistrées dans les sédiments marins du Miocène et du Pliocène de Crète. Après une thèse d’état soutenue en 1985, il fait un séjour d’une année dans le laboratoire de paléomagnétisme de la Scripps Institution of Oceanography (USA).

Dès 1990, Jean-Pierre Valet embarque sur des campagnes de carottage (sur le N/O Marion-Dufresne) et de forage (ODP/IODP). Les séries sédimentaires recueillies lui permettent de reconstruire en détail les variations de direction et d’intensité du champ au cours des inversions. Associant les informations obtenues par l’aimantation des sédiments marins ou lacustres, à celles issues de l’aimantation de roches volcaniques prélevées à travers le monde (Hawaii, Canaries, Cap-Vert), Jean-Pierre Valet et son équipe construisent des enregistrements composites des variations du dipôle géomagnétique au cours des deux derniers millions d’années. Ils sont les premiers à montrer l’occurrence de variations « en dents de scie » caractérisées par des phases de réduction progressive de l’intensité du champ précédant les inversions, suivies de regains abrupts après celles-ci. Ces observations leur suggèrent que la dynamo terrestre reprend de l’énergie en inversant sa polarité puis la perd progressivement jusqu’à l’inversion suivante. Cette brillante théorie, établie avec son épouse Laure Meynadier, reste aujourd’hui un sujet d’étude et de débat dans la communauté internationale de géo et paléomagnétisme. Ces courbes composites de variations du champ ont également une valeur stratigraphique puisqu’elles offrent aux paléocéanographes et paléoclimatologues la possibilité de corréler à distance les séries sédimentaires sur lesquelles ils travaillent. Jean-Pierre Valet est aussi à l’origine de propositions de descriptions phénomènologiques des inversions et excursions, un sujet qui l’a passionné tout au long de sa carrière.

Depuis 2015, Jean-Pierre Valet portait un projet ERC Advanced Grant qui associait trois laboratoires (IPGP, CEREGE et LSCE) dans l’étude du champ magnétique terrestre par couplage du paléomagnétisme et de la production du nucléide cosmogénique Beryllium 10. Ce projet, qu’il a dirigé avec ferveur et ténacité jusqu’en 2020, a donné lieu à plusieurs thèses et travaux de post-doctorats, et a apporté une importante moisson d’articles publiés dans des revues à fort impact, dont les deux derniers (en cours de publication) ont été préparés début 2024, sept ans après la découverte de sa maladie.

Jean-Pierre Valet s’était aussi très largement impliqué dans le fonctionnement et l’administration de la recherche, en dirigeant notamment l’UMR géomagnétisme et paléomagnétisme à l’IPGP (1997-2005) et en participant à de nombreux comités et conseils en France et à l’étranger, prenant notamment la présidence de la division « Magnétisme, Paléomagnétisme et Physique des roches » de l’EGU en 2002. Conscient du rôle central de l’éducation et de l’enseignement, Jean-Pierre Valet a dirigé l’école doctorale de l’IPGP de 1999 à 2005.

Jean-Pierre Valet est l’auteur de près de 200 publications sur des sujets allant des variations de la paléointensité à la disparition de Néandertal. Il a encadré et co-encadré 12 thèses de doctorat, guidant avec attention et générosité les étudiants. En reconnaissance de ses travaux, Jean-Pierre Valet a reçu la médaille d’argent du CNRS en 2001 et la médaille Petrus Peregrinus de l’Union Européenne des Géosciences en 2010, récompensant son impact exceptionnel au sein de la communauté scientifique. Il était également Fellow de l’American Geophysical Union depuis 2003 et membre de la Société philomathique de Paris.

Jean-Pierre Valet a été depuis quatre décennies un travailleur acharné et enthousiaste, alliant des méthodologies et des concepts complexes dans le but de résoudre des questions fondamentales pour la connaissance de la dynamique de notre Terre interne. Ceux et celles qui ont travaillé à ses côtés perdent un collaborateur passionnant et passionné, un expérimentateur exceptionnel. Beaucoup perdent aussi un ami. 

Nos pensées vont vers sa famille, en particulier sa femme Laure et sa fille Iris, qui étaient à ses côtés durant ses derniers instants.

Texte préparé par F. Bassinot, J. Besse, J. Carlut et N. Thouveny

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